Pacaleaula, d'un « tas de pierres » à une maison écologique

Pacaleaula, D’un « tas de pierres » à une maison écologique



Hébergement éco-responsable



Rénover une maison en Provence n’était pas un simple chantier pour Christine et Wolfgang. Il s’agissait pour eux de réaliser la maison de leur rêve.



Leur projet est l’aboutissement d’un véritable projet de vie. Pacaleaula a été en 2006 la première structure d’hébergement « chambres d’hôtes » des Alpes de Haute-Provence à obtenir le label « Ecogîte » attribué par les Gîtes de France. Néanmoins, ils aspirent à la reconnaissance de leur travail par les visiteurs, à leur adhésion et au partage des valeurs qu’ils font vivre au sein de cette maison. En espérant produire chez eux cette petite étincelle qui leur donnera envie d’en faire autant.

Christine, « fille de la campagne », fille d’une viticultrice et proche de la nature, s’est engagée la première dans une démarche écologique, durable, respectueuse de la Terre et de sa biodiversité. À travers cet engagement, elle a renoué le lien avec cette enfance, ce lien si fort à la terre.
Elle a ensuite convaincu son mari Wolfgang, plus citadin, de la suivre dans cette démarche et de l’accompagner sur ce chemin de vie, en pleine conscience de leurs actes. Elle appartient à une génération qui s’est voulue proche de la nature et qui a réfléchi aux moyens à mettre en place pour éviter la consommation à tout crin, et celle notamment des énergies fossiles, ainsi que la gestion contrôlée de l’eau.

La première maison autonome



Dans les années 1970 déjà, Christine est témoin de l’expérience de construction d’une des premières maisons autonomes en Loire Atlantique, celle de Patrick et Brigitte Baronnet. Elle participe à l’un de leurs éco-festivals, en revient émerveillée et gardera en mémoire ce couple précurseur qui débranche alors les câbles EDF pour s’approvisionner en énergie avec une éolienne et des panneaux solaires, fabriqués par eux-mêmes. Des batteries stockaient l’électricité et le circuit des eaux grises était l’un des premiers créé en phytoépuration.

Une autre femme l’inspire aussi durablement : Alexandra David-Neel, la « Femme aux semelles de vent ». Ses livres lui donnent un irrépressible goût des voyages. Suivant l’exemple de la plus grande exploratrice du 20e siècle, elle part très jeune à la rencontre d’autres cultures et apprend leurs manières de vivre et d’être avec la nature.

Les méthodes de construction les plus traditionnelles



Pacaleaula est la somme de ces expériences, de ces rencontres. La maison en a conservé les souvenirs et les empreintes. Ce qui n’était au départ qu’une ruine acquise en 2001, « un trou avec des pierres autour », comme disait la mère de Christine, est progressivement devenu une maison vivante, douillette, telle que l’avaient rêvée Christine et Wolfgang. Pour la rebâtir, le couple a tenu à conserver l’empreinte des anciens en ayant recours aux méthodes de construction les plus traditionnelles. Mais il a aussi eu à cœur d’intégrer toutes les connaissances modernes en matière d’économie d’énergie, de recyclage, de phytoépuration, etc. Le résultat est l’optimisation presque maximale de tout ce qui peut être mis en œuvre, le couple étant néanmoins conscient des limites de l’exercice.

Une centaine de sacs de chanvre pour l’isolation



Pour remonter les pierres, ils ont utilisé la chaux. Plus d’une centaine de sacs de chanvre construction ont été nécessaires à l’isolation des murs. Sur l’auvent extérieur en bois qui orne la façade sud, ils ont installé 14 m2 de panneaux solaires thermiques grâce auxquels ils fabriquent toute l’eau chaude durant six mois de l’année en débranchant le cumulus. Cette même production thermique solaire est utilisée les six mois restant pour le plancher chauffant de la maison.
Pour l’installer, le couple a dû décaisser 80 cm de terre battue d’un tiers de la maison et refaire toutes les dalles au sol. Des serpentins produisent une chaleur douce et constante qui évite les remontées d’humidité et des sols trop froids en hiver. Les dalles présentent aussi l’avantage de consolider les bases de la maison et ses murs de pierre. Le résultat est une température quasi constante qui ne descend jamais en dessous de 10 à 12 degrés en plein hiver.

Une maison à température en toutes saisons



Le chauffage solaire leur permet d’être autonomes et d’économiser les ressources en bois utilisées l’hiver, notamment dans l’imposante Châtelaine Godin de la cuisine. Cette cuisinière à bois avec bouilleur intégré permet non seulement de faire mijoter des plats pendant des heures et de chauffer la cuisine, mais aussi de chauffer les trois chambres et leur salle d’eau respective, situées à l’étage au-dessus, grâce au système de tuyauterie à circuit fermé. La Châtelaine offre 12 heures d’autonomie environ.
En complément du chauffage au sol, dans la partie basse de la maison, un poêle à bois « Jotul » à double combustion a été ajouté au salon. Cette double combustion est obtenue grâce à la récupération du gaz émis par la combustion du bois. Récupéré par une rampe installée au-dessus du foyer, ce gaz est ensuite brûlé à son tour. La maison reste ainsi à température en toutes saisons, sans jamais dépasser les 25 degrés. Ici, nul besoin de climatisation ! Toutes les fenêtres sont dotées de double vitrage.
On mesure l’ancienneté de la maison à l’épaisseur de ses murs : 60 centimètres minimum. Pour que la chaleur se diffuse mieux en hiver et que l’air frais soit mieux réparti en été, un espace a été laissé ouvert entre le salon et la salle à manger. La pièce voutée située sous la cuisine servait de bergerie à l’origine. Ses murs en partie enterrés restent chauds en hiver et frais en été.

Un environnement sonore soigné



Si les hôtes sont si sensibles au silence et au calme qui règnent dans la maison, c’est parce que la qualité de l’environnement sonore a elle aussi fait l’objet d’un soin tout particulier. Ici, nul ronron mécanique ou autre bruit parasite pour perturber la quiétude des lieux. La VMC réglementaire n’a été installée que dans les toilettes des chambres d’hôtes, l’aération étant reliée à l’éclairage de la pièce et donc éteinte lorsqu’elle est inoccupée.
L’isolation des murs avec du chanvre accroit la sensation de confort. Christine a utilisé des ocres pour badigeonner les murs. Elle les a confectionnés elle-même en allant les ramasser à Rustrel, haut lieu du Colorado provençal, non loin de Roussillon. Elle a mélangé les fameuses poudres jaunes et orangées à du lait de chaux et ajouté du sel d’Alun pour fixer les couleurs.
L’auvent à panneaux solaires a aussi été isolé avec du chanvre en vrac et doublé avec des lambris. Cette méthode augmente l’efficacité des panneaux thermiques, empêche la déperdition d’énergie et protège les murs de la pluie. Elle produit une ombre agréable en été et permet de stocker le bois à l’abri en hiver.

Traitement de l’eau par phytoépuration



L’eau consommée dans la maison n’est pas celle de la ville mais provient du forage fait sur le terrain. Elle est analysée tous les ans et s’avère d’excellente qualité, notamment grâce à l’absence totale d’élevage et d’agriculture en amont du terrain situé à proximité de l’Observatoire de Haute-Provence. Une citerne enterrée d’une capacité de 3500 litres est raccordée aux gouttières et récupère les eaux de pluie.
Les eaux usées de la maison sont traitées par un système de phytoépuration, véritable fierté de Christine et Wolfgang. Leur plus belle réalisation : ils aiment l’idée que cette eau prise à la terre lui soit ensuite restituée propre, sans aucune déperdition.
L’eau est épurée grâce à son passage dans deux bassins successifs. Un premier bassin vertical contenant des roseaux traite les eaux usées domestiques faiblement polluées. Après cette première filtration, elles sont envoyées vers le deuxième bassin horizontal planté d’un mélange de plantes aquatiques dépuratives. Elles achèvent le nettoyage de l’eau qui en ressort propre et sert à arroser les arbres du jardin. Le bassin est non seulement efficace mais également très esthétique puisqu’il accueille de nombreuses variétés de plantes à fleurs : iris d’eau, menthe aquatique, joncs, crucéria, etc. Les papillons et les oiseaux sont à la fête. Les hôtes de Christine et Wolfgang aussi.

L'eau omniprésente




À Pacaleaula, la lumière joue avec l’ombre entre les fleurs. L’eau est omniprésente, bienfaisante et relaxante. Elle coule sur les galets d’une cascade à l’autre, survolée par les libellules, jusqu’au bassin créé en contrebas. Elle relie les trois terrasses où se prélassent les hôtes qui prennent leur petit-déjeuner au son de la cascade. Le couple a voulu ainsi reproduire le système de la circulation de l’eau en montagne, dans ce paysage préalpin où elle est si précieuse.
Au fond du jardin, ils ont installé les composteurs où est effectué le broyage des végétaux du jardin. Ramassées avec soin, les pommes de pin seront brûlées durant l’hiver dans la Châtelaine, tout comme le petit bois collecté sur place.
Le jardin a vu s’épanouir un nombre impressionnant d’espèces d’arbres différentes dont certaines tropicales. À force de bichonner la nature, d’entourer cette biodiversité de bienveillance et d’eau, tout s’est mis à pousser. L’ombre est rapidement devenue propice à l’installation d’un hamac.



Un grand verger en permaculture



Le jardin d’agrément accueille également des espèces méditerranéennes moins gourmandes en eau, comme les santolines ou le thym. Sapin bleu, sapin noir d’Autriche, cèdre du Liban, séquoia et pin parasol grandissent aux côtés d’espèces typiquement provençales comme les muriers platanes. Les vignes de la treille sur la pergola de la terrasse rivalisent avec le parfum enivrant du chèvrefeuille.
Le grand verger de 4000 m2 en permaculture contient une grande variété de fruitiers qui servent à composer les confitures et les salades de fruits servies au petit déjeuner : pommes, poires, abricots, noix, cerises, kakis, pèches, prunes, coings... Les fruits rouges s’épanouissent entre les arbres fruitiers. Les plants de tomates poussent le long des arbres et les courgettes à leurs pieds. Christine sème aussi des graines de fleurs sauvages pour accentuer la pollinisation. Et les fraises, bien à l’abri dans leur grande jardinière, en rougissent de plaisir. Deux rangs d’oliviers vont bientôt compléter le verger afin de permettre, à terme, la production d’une huile d’olive maison.
Dans ce petit coin de paradis, les hôtes sont vraiment accueillis à la maison : ils retrouvent Christine et Wolfgang dans la salle commune, pour un moment de partage au coin du feu en hiver ou, en été, sous la voute céleste dans le jardin. À Pacaleaula, l’accueil et l’art de vivre sont liés à des convictions et le style de la maison aux personnalités de ceux qui s’en occupent si bien.